LA DENTELLE AU CROCHET EN PAYS BIGOUDEN
De notre reporter Mariluz en pays Bigouden (Finistère Sud).
En pays Bigouden on exécute deux sortes de dentelle :
C'est une variante de la dentelle d’Irlande dont elle se différencie par la conception des picots.
Les ouvrières la vendaient soit motif par motif soit au mètre, pour les bandes de bordure, des monteuses se chargeant ensuite de réaliser par exemple napperons ou chemisiers, lesquels étaient vendus aux commerçants. Cette dentelle n’eut un franc succès que jusque dans les années 1920.
Histoire -
En Irlande, au 19ème siècle, religieuses et femmes du monde, expertes en ouvrages de dames, transposent au crochet des dentelles anciennes à l’aiguillée et aux fuseaux.
C’est alors que survient la grande famine de la pomme de terre: une entraide se développe, des cours et des ateliers se créent et la dentelle devient une activité salvatrice.
La nouvelle dentelle au crochet prend le nom " d’Irlande " et permet aux plus pauvres de nourrir leur famille et de payer le bateau pour émigrer.
C’est alors que survient la crise de la sardine en 1903 et que quelques femmes créent des ateliers de dentelles pour fournir cette fois-ci, un complément de ressources aux familles.
Alors que la Bretagne n’est pas une région de tradition dentelière, les vocations se multiplient et l’activité devient une véritable industrie bretonne. On essaie ainsi de limiter l’exode rural.
En ce début du siècle, cette dentelle d’Irlande séduit les grands couturiers. Comme elle n’est pas difficile à réaliser, on a plaisir dans les familles peu fortunées à pouvoir en acheter ou en fabriquer. Alors que jusque-là les dentelles aux fuseaux et à l’aiguille restent pour la petite bourgeoisie un luxe inabordable, grâce au crochet, les prix changent considérablement. Les plus habiles en maitrisent la technique, peuvent en faire elles-mêmes, en offrent à leurs proches.
L’art nouveau naît au 20ème siècle et avec lui les arts appliqués sont enfin reconnus comme des œuvres d’art à part entière. L’exposition de 1904 au palais Galliera, à Paris, met les dentelles à l’honneur.
Après la guerre de 1914-1918, le point d’Irlande et le picot Bigouden s’adaptent à l’évolution en s’orientant vers l’ameublement et la décoration d’intérieur. Les motifs deviennent plus sobres, la dentelle va se faire identitaire : devenant pour les Bretons une revendication de leur appartenance.
Les femmes de Cornouaille sont habituées à suivre leur pêcheur de mari, pour travailler dans les conserveries tout en assurant le quotidien de la maisonnée. Depuis toujours, elles savent trouver des solutions pour faire face à l’adversité. Puisque les commandes se font rares, elles mettent à profit l’invention du tourisme populaire et prennent l’initiative de partir au-devant du client là où il se trouve. On y loue des meublés sommaires et femmes et jeunes filles travaillent dans les conserveries de poissons et vendent de l’ "Irlande " aux touristes qui affluent dans cette station balnéaire à la mode, Le Croisic.
D’après : http://www.espace-theofil.fr/
Article réalisé par Mariluz, un grand merci à elle.
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